Le phénomène des mèmes internet a donné naissance à de nombreuses icônes culturelles marquantes, mais peu ont su capturer l'essence de notre époque comme « This is fine ». Cette image devenue légendaire illustre parfaitement notre capacité collective à faire face à l'adversité avec un détachement parfois surréaliste.
Un chien dans les flammes qui ne s'inquiète pas
C'est dans les pages de la bande dessinée en ligne « Gunshow » que KC Green donne vie en 2013 à ce qui deviendra l'un des mèmes les plus emblématiques de notre temps. La planche originale, intitulée « The Pills Are Working », met en scène un personnage canin anthropomorphe, baptisé « Question Hound », attablé dans une pièce ravagée par les flammes. Avec un calme déconcertant, le chien coiffé d'un chapeau sirote tranquillement son café en prononçant la désormais célèbre phrase « This is fine », alors que tout s'embrase autour de lui.
L'histoire complète, méconnue du grand public, révèle une fin bien plus sombre pour notre protagoniste. Dans la version intégrale de la planche 648, le chien finit par prendre conscience de sa situation désespérée, sa chair fondant sous l'effet de la chaleur intense. Cette conclusion tragique contraste fortement avec les deux premières cases devenues virales, renforçant ainsi la puissance métaphorique de l'œuvre originale qui traite du déni face aux situations de crise.
Une récupération par la classe politique
L'année 2016 marque un tournant dans l'histoire de ce mème lorsque le Comité national républicain américain se l'approprie de manière inattendue. Lors de la convention démocrate à Philadelphie, les républicains utilisent l'image pour critiquer leurs adversaires politiques, provoquant une réaction immédiate de KC Green. L'artiste, mécontent de voir son œuvre détournée à des fins politiques sans son consentement, riposte en créant une version modifiée où le chien refuse finalement d'accepter la situation, illustrant sa propre opposition à cette récupération.
Cette récupération politique a paradoxalement contribué à renforcer la portée symbolique du mème, le transformant en un commentaire social encore plus puissant sur notre tendance collective à normaliser des situations critiques. L'image est devenue un miroir de notre société, comme l'a démontré un événement survenu à Saint-Étienne, où des clients d'un restaurant ont continué à dîner paisiblement pendant qu'un incendie faisait rage à l'extérieur, incarnant littéralement l'esprit du « This is fine » dans la vie réelle.
Des produits dérivés, des jeux et des parodies
Le succès phénoménal du mème a engendré une véritable industrie de produits dérivés. Des peluches à l'effigie du chien stoïque aux tasses de café ornées de la scène iconique, en passant par des t-shirts et des autocollants, l'image s'est déclinée sous toutes les formes possibles. KC Green lui-même a participé à cette commercialisation en créant des versions officielles de marchandises, permettant aux fans de soutenir directement l'artiste original.
L'influence culturelle du mème s'est également manifestée à travers d'innombrables parodies et adaptations. Des versions animées ont vu le jour, donnant vie au personnage et à son environnement enflammé. Des jeux vidéo indépendants se sont inspirés de l'histoire, et des artistes du monde entier ont créé leurs propres interprétations de la scène, adaptant le concept à différentes situations et contextes culturels, tout en préservant le message fondamental de déni face à l'adversité.
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Le phénomène « This is fine » a profondément marqué la culture internet et continue d'évoluer, reflétant les anxiétés et les mécanismes d'adaptation de notre époque. Son message universel sur la façon dont nous faisons face aux crises, qu'elles soient personnelles ou collectives, résonne encore aujourd'hui avec une pertinence saisissante.
